Réussir à échouer
Lorsque l’on prend des cours de moto, on nous apprend que pour éviter un obstacle, il ne faut surtout pas regarder l’obstacle mais l’endroit vers lequel nous voulons orienter la moto pour éviter l’obstacle. C’est à cette seule condition que nous ferons les gestes qui permettront l’évitement.
Ainsi, garder le regard fixé sur l’obstacle est le meilleur moyen de le percuter. Chacun peut en faire l’expérience à vélo par exemple. Cette règle de conduite, apparemment simple, est pourtant loin d’être naturelle et nécessite un certain apprentissage.
Cet exemple montre que l’on peut parfois faire l’inverse de ce qu’il faudrait faire pour réussir, que l’on peut réussir à échouer avec la meilleure volonté du monde.
N’en va-t’il pas ainsi dans bien des domaines de la vie ?
A force d’hygiène ou de médicaments pour préserver sa santé, on se rend au contraire beaucoup plus vulnérable à de nombreuses maladies.
A force de régimes variés pour préserver sa silhouette, on réussit à déboussoler son système digestif et à être au contraire plus vulnérable à une prise de poids.
A force d’ambitionner le pouvoir et le poste le plus élevé, on devient de plus en plus l’esclave de sa position.
A trop vouloir d’indépendance ou de liberté, on se construit un univers dont on finit par être dépendant ou prisonnier.
A force de vouloir la sécurité, on augmente en proportion son sentiment d’insécurité. Une maison bien protégée ou une porte blindée attirera bien plus les cambrioleurs qu’une porte que le premier venu pourrait forcer.
Les situations ou l’homme fait l’inverse de ce qu’il conviendrait de faire pour réussir sont si nombreuses que c’est à se demander s’il ne faudrait pas faire l’inverse de ce que nous dicte notre instinct et s’en faire une règle de conduite pour la vie.
Un point commun à toutes ces conduites d’échec ? Peut-être d’être motivées par la peur...
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