Chance ou malchance ?
J’aime beaucoup ce texte et surtout j’y pense souvent.
J’y pense en observant le monde et en écoutant les infos. Je vois et j’entends alors souvent la même chose : un tel a gagné au loto quel bonheur, un autre a eu une promotion quelle réussite, celui-là vient d’avoir un enfant quel prodige, celui-ci a eu un accident quel malheur, sa femme vient de le quitter quelle injustice, elle a perdu son emploi c’est horrible...
Tout cela n’est pas la vie.
Je ne nie pas le plaisir qu’il y a à gagner une grosse somme d’argent ni la douleur que peut représenter la perte de son emploi. Simplement plaisir n’est justement pas bonheur et douleur n’est pas malheur. Je trouve même qu’il y a comme une inversion qui voudrait que le plaisir soit le germe du malheur et la douleur le germe du bonheur.
Toute la sagesse orientale est là et illustrée par le symbole du yin et du yang, le blanc représente les forces du bien et le noir les forces du mal, mais dans le blanc il y a un point (germe) noir et dans le noir un point (germe) blanc.
CHANCE ou MALCHANCE ?
Un habitant du nord de la Chine vit un jour son cheval s’échapper et passer de l’autre côté de la frontière. Le cheval fut considéré comme perdu.
A ses voisins qui venaient lui présenter leur sympathie, le vieil homme répondit :
– La perte de mon cheval est certes un grand malheur. Mais qui sait si dans cette malchance ne se cache pas une chance ?
Quelques mois plus tard, le cheval revint accompagnée d’une magnifique jument. Les voisins félicitèrent l’homme, qui leur dit, impassible :
– Est-ce une chance, ou est-ce une malchance ?
Le fils unique du vieil homme fut pris d’une véritable passion pour la jument. Il la montait très souvent et finit un jour par se casser la jambe pour de bon.
Aux condoléances des voisins, l’homme répondit, imperturbable :
– Et si cet accident était une chance pour mon fils ?
L’année suivante les Huns envahirent le nord du pays. Tous les jeunes du village furent mobilisés et partirent au front. Aucun n’en revint. Le fils estropié du vieil homme, non mobilisable, fut le seul à échapper à l’hécatombe.
(d’après Hoà i-Nam-Tu)
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