Commander et obéir
Au travers de cette alternative Commander et Obéir, c’est la nature et la légitimité du rôle de chef qui m’inspire. Nous sommes tous suivant les circonstances dans une situation de commandement ou d’obéissance.
Le présupposé couramment admis est que le commandement est le propre du chef et l’obéissance le propre du subordonné. Je crois qu’il est riche de prendre conscience que l’obéissance s’incarne tout autant dans le rôle du chef et dans celui du subordonné. Serait-ce la fin des rivalités de pouvoir ? Je ne le pense pas mais peut-être une manière plus consciente de vivre l’un et l’autre sans placer le commandement au dessus de l’obéissance.
Suivant la méthode du miroir, j’estime que celui que la vie place le plus souvent dans la situation de chef a beaucoup à s’enrichir à l’exercice de l’obéissance, et réciproquement.
"Celui qui un jour veut commander doit d’abord apprendre à obéir." Je ne sais plus à qui nous devons cette réflexion mais j’en ai apprécié au quotidien la justesse dans une période ou justement j’éprouvais des difficultés à obéir.
Tout comme j’ai affirmé qu’il était illusoire de prétendre aimer quelqu’un si l’on ne s’aime pas soi-même, j’affirme qu’il est prétentieux d’aspirer à commander sans avoir fait l’apprentissage de l’obéissance.
Cet apprentissage de l’obéissance est d’abord celui de l’enfant. Un enfant est naturellement un dictateur en puissance et c’est le rôle des parents d’initier les enfants à l’art d’obéir. L’école, le monde du travail et la vie en général sont les occasions où poursuivre ou réapprendre l’obéissance. J’utilise sciemment le mot apprentissage car obéir n’est pas subir, se soumettre ni renoncer. Point n’est besoin d’apprentissage pour cela. Obéir c’est comprendre et accepter, comprendre les motifs d’un commandement en analysant une situation, confronter cette analyse à nos valeurs et enfin accepter le commandement. Obéir est donc un acte d’intelligence. Abordée avec le même recul, la désobéissance est tout autant un acte chargé d’intelligence. C’est alors le contexte qui indissociablement de cette analyse permettra de choisir en faveur de l’une ou l’autre attitude.
De la même manière, commander n’est pas imposer. Celui qui commande attend d’être obéit, commander suppose donc d’apporter suffisamment de matière pour le nécessaire travail d’obéissance. Mais la particularité du commandement est qu’il est à la base un acte d’obéissance. Dans une entreprise, toute personne amenée à faire acte de commandement le fait en obéissance à un commandement plus haut. Toute la subtilité de l’acte de commandement est dans cette dualité entre commandement et obéissance. En plus de l’intelligence, je dirai que le commandement exige de la conscience car il est souvent emprunté le raccourci qui mène du commandement à l’abus d’autorité.
Ma modeste expérience me fait constater qu’ils sont nombreux ceux qui ne sachant obéir aspirent à commander et quand ils y parviennent s’étonnent d’avoir à faire preuve d’autoritarisme pour être obéit. Pour les autres rappelez-vous que la vie nous amène à exercer les deux rôles et qu’ils sont tous les deux très riches.
"Le vrai chef commande à ses hommes mais reçoit ses ordres de Dieu."
"Tout vrai chef commence par désobéir aux Dieux"
extrait du film, "Himalaya, l’enfance d’un chef"
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