Vache folle
Il y transmission de la maladie par le cannibalisme, les muscles étant moins contaminants que le cerveau. Etrange parallèle avec la situation actuelle. Une fois le constat établi, il persuade la tribu d’abandonner sa coutume, ce qu’elle fait en 1959. Les cas de kuru diminuent vite dans les années qui suivent. Mais un temps de latence est défini : la maladie apparaît au plus tôt après 5 ans, en moyenne 12 ans après la contamination, et peut survenir jusqu’à 40 ans plus tard. Un cas a en effet été identifié récemment dans la tribu, toujours suivie. Gajdusek a obtenu le Prix Nobel de médecine en 1976 pour ses travaux."
Rappelons que c’est à la consommation de farines d’origine animale que l’on attribue cette maladie de la vache folle. C’est donc par un acte de cannibalisme que les vaches se sont elles aussi trouvées infectées.
Je suis affligé par l’histoire de la vache folle mais dans un même temps j’y trouve une leçon supérieure. Hommes, vaches, cochons, fougères, poissons... nous sommes le fruit d’une sélection naturelle, d’une sorte de loi de la jungle qui a permis la reproduction des êtres les plus adaptés mais aussi la disparition des espèces les moins adaptées à l’environnement de leur temps. Souhaitons que ce sort nous soit épargné.
Pour cela, rappelons-nous que nous appartenons à la nature et que ses lois sont aussi les notres. Une espèce qui pour se reproduire est amenée à consommer sa propre substance, à pratiquer le cannibalisme, a clairement adoptée une stratégie en forme d’impasse selon les lois de la nature. La sanction pourrait être la disparition progressive de l’espèce mais visiblement les lois de la nature sont enracinées plus profondément dans nos métabolismes comme si des précédents dans l’histoire des espèces avaient déjà existé. De ces précédents qui n’auraient pas survécus, il resterait dans le "programme" de ceux qui ont poursuivi la voie de l’évolution une information interdisant les pratiques cannibales et les sanctionnant dès leur réapparition.
Ceux qui observent la nature savent à quel point celle-ci est remarquablement organisée, ils ressentent cet adage populaire "la nature est bien faite". La maladie de la vache folle résonne en moi comme un rappel de cette profonde harmonie.
Cet interdit du cannibalisme me fait par ailleurs penser à un autre interdit inscrit dans la plupart des espèces et dans toutes les tribus humaines, il s’agit de l’interdit de l’inceste. De la même manière, la nature sanctionne l’inceste par la dégénérescence des espèces et rappelle que c’est dans la diversité et dans l’ouverture au monde que se trouve l’avenir.
Pour conclure, je me rappelle avoir vu dans un reportage l’histoire d’une tribu de pêcheurs en pirogue. Sur chaque pirogue, il y a ceux qui rament et celui qui par son habileté et sa claire vision tient le harpon. Pour récompenser son habileté et entretenir sa vue, le harponneur se voyait systématiquement attribué les yeux de ses victimes, succulent festin.
Même si cela ne m’ouvre pas l’appétit, je préfère de loin le bon sens de cette pratique alimentaire.
(mars 2001)
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