Autour de la maladie
J’ai découvert le monde de la maladie, si je l’ai découvert, assez tard. Ma première surprise fut de constater à quel point la médecine regorge de surprises et de miraculés. On reproche à la médecine de s’intéresser à la maladie plutôt qu’aux malades. Constat corroboré par la multitude de témoignages de gens guéris par le biais de médecines non officielles. C’est vrai que la consultation d’un spécialiste revêt souvent un côté impersonnel et mécaniste.
Autre constat, les médecins avec les enseignants font partie des gens en première ligne, au contact direct, parfois cru, avec la société. Mais si les seconds ont vu leur autorité fondre, les premiers l’ont conservée voir amplifiée. Un peu comme si la relation de l’homme à la connaissance avait considérablement évolué mais pas celle de l’homme à la douleur et à la mort.
Deux idées me trottent dans la tête, je vous en fait part même si elles ont le goût abstrait des réflexions d’un homme en bonne santé :
– le corps humain est potentiellement le médicament le plus puissant qui soit. Une égratignure, un microbe et voilà le corps qui se mobilise et qui fait face à l’intrusion. Et quand j’écris "le corps se mobilise" je voudrais en fait dire "l’organisation la plus évoluée et la plus complexe connue à ce jour se met en marche de manière coordonnée", c’est autre chose qu’un pansement. Seulement voilà , certains maux ne sont pas percus comme des intrusions, une douleur persistante dans le bras par exemple. N’aurions nous pas intérêt dans ce cas à signaler à notre corps qu’il s’agit d’une intrusion. Commment ? A votre manière !
En tout cas l’idée me fascine
– quoi de plus personnel et de plus intime qu’une maladie ? La maladie nous touche souvent au plus profond de nous même, on peut le repérer aux états d’esprit que nous traversons alors. La maladie a l’extraordinaire mérite de remettre les priorités du malade dans le bon ordre, combien de personnes furent sauvées par la maladie ? La maladie nous rappelle notre orgueil et nous enseigne l’humilité. J’ai la conviction que chaque maladie est porteuse d’un message très personnel, très très personnel, un message parfois difficilement accessible tant il est bien enrobé d’évidences et d’arguments rodés. Encore une fois, l’honnêteté est la clé qui peut résoudre le mystère de la maladie.
C’est en ce sens aussi que l’approche très impersonnelle de la médecine officielle me parait révéler ses propres limites.
Il y a forcément de l’orgueil dans ce que je viens d’écrire, chaque médecine a bien évidemment sa place sous le vaste ciel et chaque mal ne doit pas changer notre vie. Néanmoins, je refuse catégoriquement d’amener le débat sur la maladie sur le terrain de la justice et de l’injustice. La tentation pourtant est grande dès lors que l’on est confronté à un mystère qui a toutes les apparences d’une punition. Cette approche est une encore plus impersonnelle.
Retenons que la maladie est intimement personnelle, peut-être porteuse d’un message. A tous ceux que ces quelques lignes inspirent, je propose les mots accueillir et obéir et je leur soumets cette citation qui pourrait être une prière :
Je jouis de ce hasard et j’obéis à cette loi." Lie Tseu.
Et celle ci plus légère :
Et le juste milieu :
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