La vocation
Le mystère de la vocation...
Sommes nous destinés ou appelés à une tâche ? La question est d’importance, mais la réponse, évidente pour certains, ne l’est pas pour d’autres. Si peu évidente d’ailleurs, que l’on évite bien souvent de se la poser.
Après tout, c’est peut être aussi bien. Si la vocation ne s’impose pas d’elle-même, faut-il chercher une réponse pour nous-même au prétexte que d’autres ont trouvé une réponse sans se poser la question ?
Si donc ma vie ne me satisfait pas et que seule une vocation peut me sortir de ce mauvais départ, un peu de logique peut-elle me sortir de l’impasse ?
La logique du plaisir
C’est incontestablement la première piste à suivre. Si j’aime telle activité, tel type de situation, pourquoi ne pas chercher à faire que toute ma vie me permette de les reproduire. Vivre de ses plaisirs, n’est-ce pas tentant ?
Faut-il suivre ses passions ou ses inclinations pour trouver sa vocation ? Une vie passionnée est-elle passionnante ?
Nos passions nous nourrissent-elles ou bien plutôt se nourrissent de nous ? Nos passions nous libèrent-elles ou bien plutôt nous enchaînent ? Nos passions nous révèlent-elles à nous-même ou bien plutôt nous éloignent de notre vrai moi ?
A chacun de trouver ses propres réponses. On peut également se demander dans quelle mesure une passion peut occuper seule une vie ? Le beau n’existe que grâce au laid, une passion peut-elle exister sans l’ennui ?
La logique du contraste
Elle touchera plus facilement celui qui n’a pas de "passion". Si ma vie ne me comble pas, une vie radicalement différente devrait me combler, c’est logique, un bon gros virage à 180 degrés !
Après avoir couru dans une direction, courir dans l’autre direction peut-il nous faire progresser ?
Méfions-nous tout de même de tout ce qui peut ressembler à une fuite...
Non vraiment, la nécessité d’une vocation mérite d’être murement réfléchie. La seule nécessité véritable est de s’épanouir. La réponse qu’il faut atteindre au travers de ses activités ou de ses relations est celle qui nous permet d’être un peu plus celui que l’on pressent être dans le secret de notre solitude...
Pour finir une petite histoire, placez vous dans la peau de cet aigle et tentez de ressentir s’il n’a jamais perçu un appel au fond de sa chair :
L’aigle des basses-cours
Un homme trouva un oeuf d’aigle et le plaça dans un poulailler. L’aiglon vint au monde avec une couvée de poussins et poursuivit sa croissance avec eux.
Se prenant pour un poulet, l’aigle ne cessa d’imiter le comportement des gallinacés qui l’entouraient. Il grattait la terre afin d’y trouver des vers et des insectes. Il gloussait et caquetait. Il battait des ailes ne s’élevant qu’à quelques centimètres du sol.
Les années passèrent et l’aigle devint très vieux. Un jour il aperçut, volant dans le ciel sans nuages, un magnifique oiseau. Avec une grâce majestueuse, ce dernier se laissait porter par les courants, agitant à peine ses puissantes ailes dorées.
Le vieil aigle le regardait, émerveillé :
– Quel est cet oiseau ? demanda-t-il.
– C’est l’aigle, le roi des oiseaux, lui répondit un de ses compagnons. Il appartient au ciel. Nous, nous appartenons à la terre - nous sommes des poulets.
C’est ainsi que l’aigle, dans la certitude qu’il avait d’appartenir à la basse-cour, vécut et mourut en poulet.
Anthony de Mello
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