La couleur verte
« Il est terrifiant de voir jusqu’où peuvent aller des croyants sincères lorsqu’ils se mettent en tête qu’ils savent. Ne serait-il pas merveilleux de vivre dans un monde où chacun dirait : "Nous ne savons pas" ? Un grand mur s’écroulerait. Ne serait-ce pas merveilleux ? » - Anthony de Mello
Il ne s’agit surtout pas de condamner la recherche du savoir et de la vérité, mais seulement toucher du doigt ce paradoxe de la connaissance : à mesure que la connaissance s’accroit, le sentiment de sa propre ignorance augmente en proportion.
On pourrait y voir une sorte de malédiction mais la vraie malédiction serait que cette quête du savoir ait un aboutissement. Et ce sentiment d’ignorance qui grandit ne serait-il pas l’expression de notre sagesse ? J’aime en tout cas cette idée...
La couleur verte
Un aveugle de naissance m’a demandé : "Qu’est-ce que cette chose qu’on appelle le vert ?" Comment décrire la couleur verte à quelqu’un qui est né aveugle ? Il faut avoir recours à l’analogie. Je lui ai répondu : "La couleur verte est comme de la musique douce.
– Oh, comme de la musicuqe douce ! a dit l’aveugle.
– Oui, douce et rassurante."
Puis un autre aveugle est venu me voir et m’a posé la même question. Alors je slui ai parlé de satin très doux, très agréable au toucher.
Le lendemain, je vois les deux aveugles qui se donnent des coups de bouteille sur la tête. L’un d’eux dit : "C’est doux comme de la musique douce", et l’autre réplique : "Non, c’est doux comme du satin." Et il s continuent de se bourrer de coups. Ils ne savent pas de quoi ils parlent ; s’ils le savaient, ils se tairaient.
C’est terrible. Et cela pourrait être pire, car un jour on pourrait retrouver un des aveugles assis dans un un jardin, semblant regarder autour de lui. Alors on lui dirait : "Eh bien, maintenant vous savez ce qu’est la couleur verte." Alors il répondrait : "C’est vrai, je l’ai entendue ce matin."
Anthony de Mello
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