Paul Eluard
Le ventre de la mère

Paul Eluard

Paul Eluard est l’auteur de ce fascinant vers : "La terre est bleue comme une orange".

Ce vers a toujours impressionné mon imaginaire, j’y devinais une vérité transcendante sans pouvoir la cerner. Jusqu’à ce qu’une anecdote historique ne l’a mette en perspective. Le jour où un scientifique, Neil Armstrong, a rejoint la terre des poètes, la lune, pour s’exclamer en foulant le sol lunaire et contemplant la terre : "La terre est bleue, on dirait une orange !".

Ce jour là, la science est venue à la rencontre de la poésie. Bien avant dans le temps et bien plus près dans l’espace, un poète avait eu dans son antre close la révélation du premier homme qui devait marcher sur la lune.

Chapeau bas.

Le ventre de la mère

Le poète est parfois fasciné par le ventre de la mère qui l’a projeté dans un monde hostile.

Le poète est parfois fasciné par l’océan dont le sublime réveille les angoisses profondes.

Le scientifique qui remonte aux sources de la vie découvre que la vie est la fille des océans. L’océan fut le milieu idéal pour permettre des rencontres improbables mais suffisamment durables entre molécules pour qu’elles s’associent en des assemblages toujours plus complexes. L’eau fut ce milieu ni trop rigide ni trop volatile qui tout en assurant une protection à ces briques du vivant ne les a pas enfermées dans des postures trop figées.

Solidement implantée dans les océans, la vie s’est petit à petit appropriée les autres espaces que sont la terre et l’air mais à laissé sa marque indélébile. Le ventre de la mère et l’oeuf ne sont ni plus ni moins que des mini-océans qui reproduisent ce milieu si favorable à l’éclosion de la vie. (d’ou peut-être l’affinité de ces deux mots : mère et mer)
Le ventre de la mère et l’oeuf sont des mini-océans

Poète, t’est-il doux de savoir que c’est le même océan qui te rejette et t’attire. Poète, voici le secret de ta respiration.