Lu dans la presse, un concorde est affrêté pour permettre à quelques "privilégiés" de la contempler plus longtemps.

Quel dommage de passer ainsi à côté de l’événement. Le spectacle de l’éclipse est autant sur terre que dans le ciel si ce n’est plus.

Toute la puissance de l’éclipse est dans la tension qui se crée et qui augmente à mesure que le soleil est voilé par la lune. Cette tension semble sensible à tous, vivants et minéraux : le temps s’arrête, les animaux perdent le sens de l’orientation, une peur qui ne dit pas son nom traverse les esprits les plus rationnels. La nature tout entière se tend et n’est plus qu’attente...

Cette tension ressemble à celle qui précède les grands orages, lorsque la lumière baisse, lorsque les oiseaux entament un ballet aérien inédit, lorsque l’air devient quasi électrique en prélude à la débauche d’éclairs qui se trame.

La tension de l’éclipse est bien plus extraordinaire au point que j’aime cette idée qu’elle a marqué l’inconscient collectif des êtres humains et peut être de la nature dans son ensemble pour renaître à chaque éclipse. Imaginez les ancètres de l’homme qui s’éveille tout juste à la conscience lorsque survient une éclipse, lorsque peu à peu une tache sombre envahit l’astre solaire, rupture totale et inédite à l’échelle d’une vie dans le cycle des jours et des nuits. Au sein de populations qui bien souvent vénéraient ou avaient déifié le soleil, ressentez-vous la puissance de l’émotion qu’un tel spectacle peut susciter ? Est-elle suffisante pour traverser les âges ?

J’ai envie de le croire, et malgré les trésors d’explications et d’avertissements qui précèdent une éclipse de nos jours, je constate que la magie de l’événement est intacte et touche notre instinct plus que notre raison.

Bref, ce jour-là il fallait être dehors et non dans un cockpit.

Une bonne illustration de cette citation qui me tient à coeur :

(11 aout 1999)